Le Ventoux

 

Prologue

Jordane et Alex, férus de tandem, se préparent techniquement et physiquement à un voyage sur cette mécanique au Maroc fin septembre pour un peu plus de trois semaines, un peu plus de mille kilomètres. Dans cette préparation, il ont envisagé l’ascension du Mont Ventoux, montée mythique régionale par excellence. A cette occasion, ils nous ont proposé de les rejoindre en chariote au sommet à l’occasion du long week-end du 15 août.

Pourquoi pas?

Vendredi 15 août 2008

Nous récupérons la chariote sous son garage chez notre ami Robert. Ben quelle triste mine. Deux mois d’immobilisation ont eut raison de son beau teint. La couche de poussières, de toiles d’araignées, de fétus de pailles, et tout ce qui s’en suit lui donne triste mine. En y entrant, les batteries cellule ne sont pas au haut de leur forme. IMG_1866 L’attente semble avoir été trop longue malgré le temps doux. Le démarrage est bon, car la batterie moteur est intacte. Le petit kilomètre du retour semble déjà suffisant pour remettre le voyant des batteries au vert…Un peu de route vers le Ventoux et le panneau solaire devraient faire l’affaire.

Le plein d’eau, tout ce qu’il faut dans le frigo, la routine avant un démarrage et surtout après un long arrêt. Et immanquablement, un shampooing au Karcher…

IMG_1868 Pendant ce temps, Jordane et Alex roulent déjà depuis le matin et passent la première nuit sur la face nord du Ventoux. Mais il s’agit de leur histoire et pas encore de la nôtre. Nous n’avons donc pas le droit de vous narrer quoi que ce soit !!!

Samedi 16 août 2008.

IMG_1872 Dans le milieu de l’après midi, nous prenons doucement la route vers Malaucène. Le temps est assez beau, pas de vent, le Ventoux a un chapeau, comme souvent. Un petit arrêt pour quelques achats de dernière minute à la supérette de Malaucène, puis première ascension. Les chevaux sont prêts. Fouette cocher. La conduite est agréable. Le couple moteur est vraiment parfait. Même les virages en épingle à cheveux restent confortables. Les reprises sont saines. Seules les motos dépassent. Nous sommes loin de nous traîner. L’aiguille du thermomètre ne décolle pas, pas même l’amorce d’une surchauffe. Rien, Nada.

Nous arrivons au sommet vers 17h30 et nous nous dirigeons immédiatement vers la grosse boule que je croyais être un observatoire astronomique. Que nenni. C’est un radar pour l’aviation civile. L’esplanade est immense, caillouteuse, mais bien plane. Pour une fois, nous restons sens contraire au départ pour bénéficier de la vue exceptionnelle sur le Vercors parfaitement dégagé. En vingt ans, ce n’est que la deuxième fois que nous l’apercevons aussi bien du sommet qu’aujourd’hui. Nous restons confinés à l’observer nous disant que, puisque nous nous sommes entendus sur le lieu du pique-nique, les jeunes viendront bien nous y retrouver. Et que de toute façon s’ils s’égarent, ils ne manqueront pas de nous appeler.

IMG_1880 Mais le temps passe, les vélos aussi, mais pas eux. Marianne consulte alors son téléphone pour voir si un texto ne lui aurait pas échappé. Non, aucun. Et à cette occasion, elle constate qu’il n’y a aucun réseau. Pas de signal. Silence total !!! Il faut donc se résigner à attendre. Ce que nous faisons face à un panorama grandiose et purement magnifique. Nous sommes dans le sens du coucher de soleil. Le lever risque d’être à l’opposé du Mont qui le cachera peut-être. A IMG_1882 voir demain.

Finalement, le profil du tandem se devine au loin sur la route et nous avons le temps de sortir l’appareil photo pour immortaliser l’approche.

En réalité, ils nous attendaient au sommet depuis belle lurette et s’étonnaient de ne pas nous voir arriver. La plateforme du sommet n’étant plus accessible au public (belvédère) le point de vue sur notre aire de stationnement n’a été accessible qu’en la contournant par les flancs caillouteux, ce que Jordane s’est résignée à faire après une attente qu’elle estimait devenir trop longue. En apercevant la chariote au profil distinctif, ils ont repris armes et bagages et nous ont rejoints. IMG_1883 Un peu frigorifiés, plus par l’attente que par la montée.

Le soleil déclinait doucement, mais sous le couvert des nuages. Ce n’est qu’en fin de journée qu’il s’est manifesté quelques instants, le temps de quelques photos, pas trop colorées. Il nous faudra sans doute revenir en octobre pour trouver les tons chatoyants de rouges orangers. Mais les effets de brumes étaient magnifiques et nous nous en sommes régalés tout de même.

IMG_1885 Les chiens de berger rodent aux alentours, car dans leur tête, camping-car rime sans doute avec nourriture. Ils restent donc à proximité et ne se font pas prier à la vue d’une assiette posée au sol.

 

 

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Jordane et Alex, qui ne se réchauffent pas, malgré une bonne (mais courte) douche se proposent de passer la nuit dans le camping-car plutôt que de monter leur tente. Aussitôt, ils envahissent notre espace restreint de leur barda sous les yeux ébahis de Marianne qui voit son petit nid tout propret mis à sac (sans jeu de mots) en moins de deux. Mais comme c’est pour la bonne cause, elle ne dit (presque) rien et (n’) arrive (pas) à se taire à ce sujet.

Nous passons à table avec un fabuleux curry d’agneau au raisins, pomme et tout ce qu’il faut de délicieux. Une bonne bouteille là-dessus, un petit bout de fromage avant un excellent morceau de melon parfaitement de saison. Que faut-il de plus face à cet horizon garni d’un resplendissant coucher de soleil ? Le bonheur ne se cache pas toujours très loin.

Les lueurs s’estompent et la nuit arrive. Il faut faire le lit. Le nôtre est permanent, mais celui d’apoint se dresse en lieu et place de la table qu’il faut déménager. Jordane et Alex ont leur sac de couchage, il ne faut donc pas mettre les draps de lit. C’est rapide. Nous nous retrouvons donc rapidement au lit. Et là, comme d’habitude, la promiscuité s’installe. Sans s’épier, sans se guetter, les bruits des uns arrivent aux oreilles des autres, incidemment, quoi que l’on fasse. Lever le bras pour s’étendre et la suspension s’en ressent. Se gratter, c’est pire encore. N’abordons pas le chapitre des ronflements et autres instruments à vents, il y va de la bienséance. Mais il y a d’autres bruits qui, subrepticement, sont perçus, alors qu’on pourrait ne pas y penser: les couvertures, les couettes, les sacs de couchages. Surtout les revêtements en nylon prévus pour le camping (par exemple). Ceux là, on les entend bien ! ou plutôt très bien. Même les mal entendant. Fort heureusement le sommeil a pris le dessus tout un temps, jusqu’à ce que plus fort l’emporte, entendez la vessie. En effet, est-ce l’âge, la condition féminine, la boisson du soir ? La réponse ne sera pas ici. Mais toujours est-il que le premier lever pour aller aux toilettes la nuit a donner la contagion au second. Ces deux là ont animé la suspension qui ont réveillé les deux autres qui se sont dit que s’ils n’y vont pas maintenant ce sera tout de même pour bientôt, alors autant profiter de cet instant de réveil. Et voilà comment les détails de la nuit n’échappent ni aux uns ni aux autres. C’est la raison pour laquelle partager l’espace restreint d’un camping car ne peut se faire qu’avec des proches, très proches. Et encore, là je ne vous parle que de pipis!

IMG_1915 Au petit matin, le lever du jour nous a sortis de la torpeur. Nous nous sommes jetés dans nos vêtements, le temps d’une brève sortie. Le léger blizzard a fini de nous réveiller Alex et moi. Marianne m’informe au moment du départ qu’il ne sera pas question de penser, même l’ombre d’un instant, de venir se réchauffer près d’elle après ce parcours extérieur. Le mariage a du beau. Et Jordane d’en profiter pour me piquer ma place au lit à côté de sa maman, ce qu’elle n’avait plus fait depuis  pfftftffftttfftftf   des annnnnnnéééées.

IMG_1936 Les lueurs sont franches et nous voyons bien que le soleil va se lever de l’autre côté du Ventoux, risquant de ne pas de dévoiler devant nous mais derrière lui. Nous nous mettons en place, et chance! le voyons apparaître juste sur le flanc gauche du Ventoux, entre deux strates de nuages, semblant se dédoubler.

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Qui va à la chasse perd sa place!

A la fraîcheur du petit matin, des ailes delta viennent tester les courants ascendants. Joli.

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Un bon petit déjeuner, puis le départ est donné. les cyclistes d’un côté, les campingcaristes de l’autre. La descente est un peu infernale pour les freins du tandem sur lequel, bien entendu, il n’y a pas de frein moteur!!! Leur record est battu avec 83 km/h sans pédaler ! De notre côté, nous nous laissons descendre doucement sur la troisième ou la seconde pour ne pas utiliser les freins. Tout baigne.

Et nous arrivons à Malaucène où nous avions réservé chez Max, restaurant qui fait partie de notre historique maintenant de puis près de vingt ans. Nous profitons de l’aire d’arrêt de Malaucène pour vidanger et, après nous être rassasiés, reprenons la route chacun de notre côté jusqu’au bercail de la Tôlière.

Epilogue.

Court et bref. Toujours du plaisir dans le partage des bons moments. Le sommet du Ventoux est notre plus bel arrêt à ce jour.